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La Valeur esthétique d'un projet est le résultat de l'harmonie entre un vocabulaire constructif et une grammaire visuelle avec des règles qui changent et évoluent en permanence. Elle ne peut dans aucun cas provenir des algorithmes à partir du "texte" comme c'est le "cas" dans la dite IA ( Intelligence Artificielle).
Vitruve, 25 années avant J.C, fondateur de l’architecture
Trois qualités d'un bâtiment firmitas, utilitas et venustas – solidité (force ou pérennité), utilité et beauté – et celui selon lequel l’architecture est une imitation de la nature. Ces principes formeront ce que l’on appellera par la suite la conception classique de l’architecture.
Aussi bien pour l’utilité que pour la solidité nous disposons actuellement des outils d’analyse approfondie et de contrôle avec des logiciels comme Revit Architecture, Navisworks ou Forma actuellement. Il est temps d’après moi d’aborder l’ESTHETIQUE comme un sujet majeur de la conception architecturale et dans l'application de la méthode.
Pourquoi ne pas aborder maintenant avec cette même rigueur la valeur de la “beauté” dans nos projets ?
L’architecture est conditionnée à la réalité d’une société spécifique et elle est liée aux rapports sociaux du moment historique où elle est créée.
L’univers esthétique n’est pas un univers clos. Il varie suivant les valeurs et conventions esthétique par rapport à un contexte social et culturel déterminé.
Les règles sont définies par un moment particulier.
Frank Ghery : “Je dois tomber amoureux des personnes et du site pour concevoir, d’abord le site, et, s’il n’y a pas d’alchimie, ne fonctionne pas”.
Nous vivons dans des “espaces” où l’enveloppe est une partie de notre scène quotidienne.
Qu’il soit en réhabilitation, en écoconstruction où avec les meilleurs outils pour réduire le carbone dans le processus global, si le résultat prouve qu’il ne rends pas les gens plus heureux qu’avant, notre projet ne sert strictement à ‘RIEN”.
Nous, les architectes d’un certain âge, nous avons connu l’erreur conceptuel des “barres de cages en béton” fabriquées pendant les années 70 avec des beaux discours politiciens de “faire du social”, quand en réalité nous avons créé des guettos, laids et insécures, qu’aujourd’hui il faut démolir. (Attention de ne pas faire la même erreur actuellement en priorisant les abeilles à l’humain)
Pour que le tout soit agréable et puisse rendre les gens qu’y habitent ou circulent contents d’être là plutôt qu’ailleurs il y a des règles à suivre que sont liées à un environnement, et à la cohérence avec le vocabulaire constructif adopté.
Quelques règles indispensables :
1 L’harmonie de l’ensemble. Comme en composition musicale, ceci doit être analysé avec le respect et la rigueur d’un savoir-faire spécifique que ne peut pas s’improviser. Chaque type d’architecture ( Bois, métal ou composite) à un vocabulaire précis et il faut comprendre d’abord la grammaire d’ensemble pour reussir le projet. Cette grammaire est morphologique et semantique et ne peut pas se construire avec des algorytmes à partir du “texte” comme préconisé sur la IA.
2 Les proportions. Du plus petit détail à la totalité chaque élément doit respecter sa géométrie et celle de l’ensemble.
3 La perception.(Lointaine et proche) Elle est indispensable pour comprendre l’espace que nous créons en direct Nous ne pouvons pas concevoir un bâtiment seulement avec des vues en “vol d’oiseau” (Erreur souvant commis par des concepteurs qui fabriquent des jolis objets, des tours en général sans s’approcher de l’échelle humaine)
4 Les couleurs, les textures, la lumière. Il faut analyser en profondeur, dès les prémiers esquisses la palette de couleurs, les textures et les valeurs en correspondance avec l’environnement, soit pour créer une rupture soit pour se fusionner.
5 Les contrastes. Le plein et le vide, l’opaque et le transparent, symétrie ou asymétrique, la géométrie et l’organique, entre autres. Connaître comment chaque contraste répercute sur nos sens, nos émotions.
L'architecture moderne, notamment avec Le Corbusier et son Modulor nous avons approchée notre conception à l’échelle de notre corps.
Pendant le post modernisme, nous avons préconisé la fragmentation du volume, l’absence des angles droits ou le rejet de la symétrie, mais toujours avec le respect de l’espace intérieur comme de l’enveloppe externe (Zaha Hadid, Frank Gehry, entre autres).
Je vais prochainement proposer un cours spécifique par rapport à ce sujet. La rétroconception est un outil pédagogique à prioriser pour ce type d’analyse
Nous pourrons ainsi faire un diagnostic du projet en B.I.M. suivant cet aspect essentiel de l’œuvre architectural.
Il suffit de voir la laideur et l’absence de l’humain des constructions pendant le fascisme ou de l’architecture stalinienne pour comprendre que “la beauté” c’est notre Energie vitale et qu’il faut la préserver comme notre planète si nous voulons sauver “l’humanité”.